Dans American Predator Maureen Callahan dresse le portrait d’un des pires tueurs en série des États-Unis, Israel Keyes, et retrace l’enquête qui a permis de l’arrêter. Cet homme qui semblait mener une vie normale était une véritable machine à tuer. Un récit glaçant et un énorme travail d’investigation, publié par Sonatine Éditions.
Résumé
Anchorage – ALASKA – 2012 – Samantha Koening, 18 ans, travaille seule dans un petit bungalow où elle vend du café à emporter. À la fin de la journée, elle ne rentre pas chez elle, sa disparition est déclarée, et sur les caméras de surveillance, on voit un homme la forcer à le suivre. La recherche de cet individu permet d’arrêter un suspect au Texas quelque temps plus tard. Cet homme, Israel Keyes, est inconnu des services de police et il s’avère être le coupable. Ses aveux vont permettre de découvrir qu’il est un tueur en série qui sévit dans tout le pays, depuis plusieurs années.
Un récit terrifiant sur cet insoupçonnable tueur en série
Dès la première page, Maureen Callahan entre dans le vif du sujet avec la disparition de Samantha. C’est cette enquête et l’arrestation du suspect qui va permettre de découvrir que le coupable est un tueur en série.
Israel Keyes, le serial killer
Au moment de son arrestation, Israel Keyes était inconnu des services de police. Il vivait à Anchorage avec sa compagne et avec sa fille de 10 ans dont il avait la garde. Au travers de ses aveux et des éléments récoltés par les enquêteurs, on découvre que cet homme est un terrifiant psychopathe, un meurtrier sexuel à tendance sadique, un prédateur à l’affut, une véritable machine à tuer. Il avoue d’ailleurs être admiratif d’autres serial killers, Ted Bundy et H.H. Holmes, et s’être inspiré d’eux.
Son modus operanti est glaçant, terrifiant. Le parcours de cet homme est effrayant, agissant dans différents États, ayant sur place des kits de meurtres cachés, s’attaquant à des femmes, à des hommes, à des couples… Il a aussi un penchant pour la fabrication d’explosifs et un côté pyromane.
On ne sait pas exactement combien il a pu tuer de personnes, mais les fichiers trouvés dans son ordinateur et sa capacité à tuer laissent à penser qu’il a pu être l’auteur de bien plus de meurtres que ce qui a été confirmé. De plus, il a avoué seulement pour les États-Unis. A t-il tué dans d’autres pays ? On ne le saura pas. Il avait également une grande capacité à se déplacer à travers le pays et aussi à faire disparaître les corps. Donc, on peut supposer que d’autres éventuelles victimes ne seront jamais retrouvées.
Le récit de Maureen Callahan
Dans ce true crime, il faut noter l’énorme travail de recherche de Maureen Callahan, un travail méticuleux, fouillé, précis. Elle s’est rendue sur place à Anchorage et elle a eu de nombreux entretiens avec les enquêteurs. Elle a eu accès à un grand nombre de dossiers, témoignages, interrogatoires, rapports, dossier militaire du tueur… Par ailleurs, elle a parlé avec la mère d’Israel Keyes.
Son écriture est captivante, elle va directement dans le vif du sujet, dès la première page le récit débute avec la disparition de Samantha. Et par la suite, il n’y a aucun temps mort dans les différentes étapes de l’enquête.
Mon avis sur ce true crime
Au-delà du récit de cette enquête, cette histoire soulève des interrogations. Par exemple, la question de l’origine du mal : enfance, traumatismes, est-ce qu’on naît psychopathe ou le devient en grandissant (certaines familles de tueurs en série ayant détecté des troubles du comportement dès l’enfance) ?
Par ailleurs, cette enquête soulève des failles dans le système carcéral, notamment avec la détention de Keyes.
Ce récit est glaçant, terrifiant. Et on ne peut que penser aux victimes et aux familles des personnes retrouvées mortes et de celles qui n’ont jamais été retrouvées.
Au-delà des faits qui sont horribles, ce récit m’a captivée du début à la fin et restera une de mes lectures les plus marquantes de cette année.
Alors, si vous appréciez le genre true crime, je vous recommande vivement la lecture d’American Predator.
Extraits d’American Predator
(p.99) Quel genre d’enfant était Israel ? Il n’a pas de casier judiciaire, mais cela ne signifie pas qu’il n’a pas de passé criminel. Cela signifie simplement qu’il n’a jamais été arrêté jusque là.
(p.144) KEYES : Il n’existe personne qui me connaisse. Personne ne m’a jamais connu réellement. En fait, je suis deux personnes différentes. Et le seul qui sache ce que je m’apprête à vous dévoiler, je genre de choses que je vais vous raconter, c’est moi.
RUSSO : Et depuis combien de temps êtes-vous deux personnes différentes ?
KEYES : Longtemps. Quatorze ans.
(p.217) Hélas, si Keyes tire de la fierté de ses crimes et de son modus operanti, il a été très clair dès le départ ; il ne donnera aux agents que les informations qu’ils avaient fini par découvrir eux-mêmes. S’ils parviennent à retrouver un cadavre sans son aide, tant mieux pour eux, il avouera. Mais autrement, ses victimes n’appartiennent qu’à lui.
(p.217) Keyes raconte que son goût pour la célébrité lui est venu avec le temps. Pendant des années, il a attendu de se retrouver dans un aéroport ou une bibliothèque pour lire des articles traitant de ce qu’il avait commis. Mais plus ses crimes se faisaient audacieux (avec une couverture médiatique qui s’étendait jusqu’à des mois ou des années), plus il sentait monter la frustration. Il voulait que le monde entier sache qu’il avait sa place au panthéon des pires monstres que la terre ait portés.
(p.226) Lorsqu’il a dit qu’il accepterait de parler de certaines victimes, il a ajouté : “Mais seulement pour les États-Unis”.
(p.235) Quand on lui demande pourquoi, il répond : “Pourquoi pas ?”
L’avis du FBI
(p.228) Les plus grands profileurs criminels du FBI sont à court d’idées. Tout ce qu’ils peuvent dire à l’équipe chargée de l’affaire, c’est que Keyes est un des sujets les plus terrifiants qu’ils aient jamais rencontrés. Il n’existe pas de précédent pour un tueur en série usant de ce mode opératoire : pas de victime type, pas de lieu de prédilection pour la traque, le meurtre ou l’élimination des cadavres, cette habitude de mettre rapidement des milliers de kilomètres entre ses victimes et lui, et des caches enterrées dans tout le pays… Et il se sert de ses voyages pour éviter de se faire repérer.
American Predator de Maureen Callahan
-Écrit par Maureen Callahan
-Traduit par Corine Daniellot
-Publié par Sonatine Éditions – Voir le livre sur le site de l’éditeur.
-Titre original : American Predator – The Hunt for the Most Meticulous Serial Killer of the 21st Century
-362 pages – 21 euros
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Je tiens à remercier Sonatine Éditions pour cette lecture !