L’autre esclavage d’Andrés Reséndez ou La véritable histoire de l’asservissement des indiens aux Amériques vient d’être traduit et publié par les Éditions Albin Michel. Un ouvrage particulièrement précis et extrêmement intéressant qui permet de découvrir une autre façade sombre de l’histoire des Amériques. L’auteur nous permet de constater qu’un grand nombre d’habitants de ce continent a été réduit à l’esclavage.
L’asservissement des indiens
Lorsqu’on consulte des livres d’histoire, bien souvent ils évoquent les explorateurs, les missionnaires, les pionniers, les colons… Concernant les indiens, la plupart citent les combats entre tribus ou les contacts avec colons, que ce soit des échanges commerciaux ou bien des combats et des massacres. Les transferts de populations de nombreuses tribus indiennes sont aussi évoqués, des populations parquées dans des réserves et parfois décimées par des maladies. Mais là, avec L’autre esclavage, Andrés Reséndez s’attaque à un autre sujet moins connu, l’asservissement des populations locales.
Dans L’autre esclavage, l’auteur a accompli un immense travail, dense et précis, étayé par des cartes, et chiffres pris dans des registres d’époque. Il évoque cet “autre esclavage” dans l’ensemble des Amériques et notamment au Mexique, Caraïbes et territoire actuel des États-Unis. De nombreux esclaves étaient originaires d’Afrique, mais il y avait aussi les esclaves amérindiens.
Il évoque les trafics d’êtres humains, enlèvements d’adultes et d’enfants, exploitation sexuelle des femmes, asservissement, travaux forcés dans des mines ou chez des particuliers comme domestiques…
On découvre que l’esclavage des indiens a commencé dès la découverte des Amériques et dès la colonisation. Mais il était déjà ancré dans certaines populations locales qui pratiquaient enlèvements, esclavage, sacrifices et même cannibalisme. On observe au fil des siècles des commerces d’êtres humains.
Un autre élément important est la transmission des maladies par les européens, notamment la variole, fièvre jaune et malaria. Des contaminations qui ont été aggravées avec l’esclavage, la déportation de populations réduites à l’esclavage vers d’autres régions pour des travaux forcés ou pour être vendues. L’association entre esclavage et transmission des maladies ayant décimé des populations dans certaines régions.
L’autre esclavage en Amérique du Nord
Plusieurs chapitres sont consacrés à l’Amérique du Nord. L’auteur évoque par exemple l’insurrection contre l’esclavage des indiens Pueblos et le siège de Santa Fe au Nouveau-Mexique. Il aborde également le commerce d’êtres humains et l’esclavage entre les différentes tribus. Certaines tribus indiennes exploitant des tribus plus faibles. Les Comanches et les Utes en particulier, qui étaient redoutés et qui exploitaient d’autres populations, ils étaient vendeurs d’esclaves. Ils n’hésitaient pas à partir en expédition, par exemple dans les régions voisines ou plus loin au Mexique pour faire des captifs. Les victimes étaient ensuite vendues ou échangées contre des chevaux ou des armes.
Avec les migrations d’européens dans l’ouest au début et milieu du XIX° siècle, des ventes ou échanges d’esclaves ont eu lieu également. Ces nouveaux arrivants étaient des “clients potentiels” pour les tribus qui cherchaient à vendre des esclaves. Concernant la conquête de l’ouest américain, l’esclavage a perduré sous des formes dérivées comme le péonage, notamment chez de riches propriétaires en Californie. Des transactions et asservissements ont aussi eu lieu dans la région de l’Utah entre les Mormons et les Utes. Les Utes vendaient des enfants indiens et aussi des esclaves Païutes.
Aussi, le chef Walkara était à l’époque le plus grand fournisseur d’enfants indiens de l’Utah. D’ailleurs, il allait jusqu’en Californie pour vendre des esclaves. On apprend par ailleurs que les Païutes étaient considérés comme des arriérés et les Païutes et Shoshones souvent victimes de l’esclavage. Certaines tribus indiennes sédentaires avaient des esclaves pour les travaux des champs et les nomades en avaient aussi.
L’auteur cite aussi une autre forme d’esclavage concernant les enfants autochtones. Une sorte d’adoption appelée aussi “apprentissage ou indenture”. Il s’agit d’enfants indiens qui étaient placés dans des familles comme domestiques.
On constate que malgré l’abolition de l’esclavage en 1865, des formes dérivées ont perduré. De plus, les enlèvements d’enfants pour la vente et le commerce d’esclaves adultes (années 1860) a entrainé une intensification des guerres indiennes.
Mon avis sur le livre
L’autre esclavage est une lecture incontournable pour celles et ceux qui s’intéressent à l’histoire des Amériques et des Amérindiens. Le livre aborde l’asservissement sur l’ensemble des Amériques, mais plusieurs chapitres concernent le territoire actuel des États-Unis, ainsi que le Mexique et les Caraïbes. Il s’agit d’un ouvrage très intéressant, bien documenté et dense au niveau des informations.
L’auteur déclare (p.21): “Dans cet ouvrage, j’utilise l’expression “l’autre esclavage” au sens où d’une part ce procédé ciblait les Amérindiens au lieu des Africains, et d’autre part se traduisait par de multiples modes de captivité et de coercition.”
Avez-vous lu ce lire ? Si oui, n’hésitez pas à donner votre avis au bas de la page. Si vous connaissez d’autres ouvrages intéressants sur l’histoire des indiens d’Amérique, vous pouvez également les citer pour les autres lecteurs. Merci.
L’autre esclavage Andrés Reséndez
Publié par les Éditions Albin Michel
Traduction Bruno Boudard
544 pages / 25 euros
EAN13 : 9782226451118
Voir le livre sur le site de l’éditeur
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Je tiens à remercier les Éditions Albin Michel pour leur confiance, ainsi que pour ce moment de lecture très intéressant.