Little Big Man de Thomas Berger vient d’être réédité par les Éditions Gallmeister avec une nouvelle traduction de Marc Boulet. Le roman a été adapté au cinéma en 1970 avec Dustin Hoffman, Faye Dunaway, Chief Dan George et Richard Mulligan. C’est l’histoire de Jack Crabb qui a vécu chez les Cheyennes et à la fin de sa vie raconte son parcours étonnant dans l’ouest américain.
Jack Crabb /Little Big Man – un vieil homme de cent onze ans
Ralph Fielding Snell a entendu parler d’un vieil homme très âgé finissant ses jours en maison de retraite et qui durant sa jeunesse aurait vécu chez les Cheyennes. Il parvient à rencontrer ce vieil homme disant avoir cent onze ans. Le papy s’avère être un personnage truculent, caractériel, parfois grossier… Jack Crabb, connu aussi sous son nom indien Little Big Man, accepte de confier son histoire et le récit de sa vie rocambolesque à Ralph Fielding Snell.
Sa vie chez les Cheyennes
Jack Crabb nous entraîne à ses côtés pour une immersion totale chez les Cheyennes, au travers de son récit à la première personne.
Le chef Peaux-de-la-Vieille-Hutte l’adopte et le traite comme son fils. Il nous raconte en détails sa vie dans la tribu et on apprend beaucoup de choses sur les Cheyennes, leur mode de vie, leurs coutumes, leur vie sociale, la notion “d’homme-contraire”(p.291). Il évoque aussi les chasses aux bisons, les guerres indiennes, les contacts et conflits avec les blancs.
Jack Crabb parle aussi des autres tribus indiennes. Il cite par exemple les Utes qui leur volent des poneys, les Comanches qui étaient d’excellents cavaliers, les batailles contre les Pawnees et les Apaches qu’il trouvait moches…
Il vit chez les indiens, le chef l’adopte et le traite comme son fils. Néanmoins, il est parfois très critique à leur égard.
Un parcours unique dans l’ouest américain
On assiste à différentes étapes de la vie de Jack Crabb. Aussi, les péripéties sont nombreuses, sans répit, sans aucun temps mort. On découvre Jack Crabb enfant avec ses parents et frères et sœurs, traversant le pays en direction de l’ouest. Puis il évoque la vie chez les Cheyennes, le retour chez les blancs, puis chez les Cheyennes…
Au travers de Jack Crabb – Little Big Man, on croise des personnages connus tels que Calamity Jane, Général Custer, Wild Bill Hickok, Sitting Bull, Wyatt Earp…
Et puis Jack Crabb nous entraîne avec lui dans les guerres indiennes, à la conquête de l’ouest, à la construction du chemin de fer. On découvre les échanges commerciaux, le troc entre les pionniers et les indiens, parfois les combats.
Une épopée captivante
Jack Crabb / Little Big Man est un homme très âgé qui a vécu mille vies. Jack Crabb a vécu chez les indiens, il a été joueur de poker, chasseur de bisons, soldat… Il a participé aux combats de la Washita River et à la bataille de Little Big Horn… Son récit captivant retrace donc en même temps le contexte de l’époque, sur le plan historique et social. Le vieil homme a son franc parler, parfois avec beaucoup d’humour et parfois avec une vision critique. Mais le récit est tout simplement envoutant, dès les premières pages. Aussi on ne voit pas défiler les 700 pages tant l’histoire est passionnante.
J’ai eu un véritable coup de foudre pour ce roman ! D’ailleurs, je n’avais pas eu une telle ferveur pour un livre depuis bien longtemps. Donc si vous ne savez pas quoi lire et bien je vous recommande vivement Little Big Man !
Extraits de Little Big Man
(p.73) Je crois bien qu’à cet instant là Caroline avait déjà commencé à perdre son aplomb. Je sais pas trop à quoi elle s’attendait, mais je dois dire qu’à première vue, un campement d’Indiens a de quoi faire frémir le cœur le mieux accroché. Tant qu’on ne les a pas fréquentés de près, on a tendance à penser : OK, voilà leur décharge, mais où se trouve leur village ?
(p.143) Ainsi, moi, Jack Crabb, j’étais un guerrier cheyenne. J’avais tué avec un arc et des flèches. J’avais été scalpé et soigné grâce à un tour de passe-passe. J’avais pour père un vieux sauvage qui ne parlait pas un mot d’anglais, pour mère une grosse noiraude et pour frère un type dont je n’avais pour ainsi dire jamais vu le visage car il était toujours enduit d’argile ou de peinture. Je logeais sous une tente en peaux de bêtes et mangeais des chiots. Mon Dieu, quelle étrange condition que la mienne !
(p.156) Un jour, alors que Rien était sortie de son tipi pour récolter de la neige dans une bouilloire et la faire ensuite fondre, je me suis débrouillé pour m’approcher d’elle et j’ai gazouillé comme un oiseau. Elle a fait semblant de ne rien remarquer, comme si je n’étais pas présent, mais sa mère s’est précipitée dehors et m’a lancé un os en me criant de m’en aller et que j’étais un vaurien. Voilà à quoi s’est limitée ma vie amoureuse cet hiver-là.
Little Big Man – Thomas Berger
Si vous avez lu Little Big Man ou vu le film, n’hésitez pas à donner votre avis au bas de la page ! Merci.
Roman de Thomas Berger (1964) – traduit par Marc Boulet
Publié par les Éditions Gallmeister – Totem 206
Voir le livre sur le site de l’éditeur
726 pages / 13,50 euros
Voir d’autres suggestions de lecture sur le blog.
Je tiens à remercier chaleureusement les Éditions Gallmeister pour cette lecture passionnante, véritable coup de foudre pour moi.
Merci pour ce partage. Plein d’idées lectures intéressantes sur le blog ! Du coup, j’ai envie de lire le livre ! J’ai vu le film il y a longtemps maintenant et je l’ai adoré parce qu’enfin un film traite de la question indienne d’une manière respectueuse et très éloignée de l’imagerie du bon ou mauvais sauvage bien ancrée dans les esprits. Et aussi parce que le casting est fabuleux. Dustin Hoffman est épatant dans le rôle de cet indien blanc décalé, jamais complètement adopté, jamais totalement rejeté.
Merci beaucoup Laurence. Ce livre a été un véritable coup de coeur pour moi et restera dans mon esprit pendant bien longtemps. Si tu as l’occasion de le lire n’hésite pas !
Superbe livre, très dur, très réaliste, si remuant par ces centaines de petites histoires, on y croit mais on ne sait pas si « c’est du steak ou du bison ». Très réaliste, avec plein de mystère tout autour de Jack. Un air de Forest Gump avant l’heure ?!
Merci Raphaël pour ton commentaire. Little Big Man a été une de mes meilleures lectures de 2022.